Dans un article édifiant, l'équipe du Earth Policy Institute de Lester Brown, souligne les avantages comparatifs de l'éolien qui est en train de supplanter la production électronucléaire chinoise, autant pour la production actuelle que pour ses perspectives à terme. Une nouvelle preuve, s'il en fallait encore, du fait que l'avenir est bien aux énergies renouvelables. Puisse l'exemple chinois inspirer nos autorités et nos industriels et que la France sorte enfin de son "exception nucléaire".
Voilà une leçon chinoise qui pourrait inspirer le débat national sur la transition énergétique.
En Chine, le vent a dépassé l’atome. En 2012, les fermes éoliennes chinoises auront produit 2% de plus d’électricité que les centrales nucléaires. Et cet écart devrait se creuser significativement dans les prochaines années du fait des différences considérables de rythme de développement de ces deux options : le nucléaire progresse de 10% chaque année, quand les capacités éoliennes augmente de 80 % par an.
Avant la catastrophe de Fukushima en mars 2011 la Chine avait 10 Gigawatt de capacité nucléaire. Aujourd’hui encore 29 réacteurs sont en construction pour une capacité additionnelle de 28 Gigawatt. On notera au passage que la plupart de ces réacteurs sont en chantier depuis 2009. Les autorités chinoises continuent à annoncer que le parc nucléaire atteindra environ 40 Gigawatt en 2015, même si, en réaction à l’accident japonais, l’approbation de nouvelle construction de centrale a été suspendu en attente des revues de sécurité approfondies des unités nucléaires, que celles ci soient en fonctionnement, en construction ou en projet. Ce moratoire a été finalement levé en octobre 2012 en soulignant que seules les unités de la « Génération 3 » seraient approuvées, ces modèles étant considérés comme les seuls suffisamment sûrs. Pourtant la Chine n’a aucune expérience de la conduite de ce type de centrales, les seuls réacteurs de la « Génération 3 » étant encore en construction et confrontés à des retards importants du fait de la mise en œuvre de nouvelles recommandations de conception ou de construction imposées après Fukushima.
En 2011 et 2012, quatre réacteurs affichant une puissance combinée de 2,6 Gigawatt ont été connectés portant la capacité globale à 12,8 Gigawatt. En dépit des annonces gouvernementales, il est peu probable que la Chine atteigne ses objectifs quand on observe le rythme des constructions et des connexions des unités nucléaires au réseau. Les autorités ont d’ailleurs déjà réduit de 30% leur prévision concernant la production électronucléaire en 2020.
Les perspectives en matière d’éolien apparaissent beaucoup plus prometteuses. Les développeurs de projet ont connecté19 Gigawatt de capacité éolienne en 2011 et 2012. Il prévoit d’ajouter au réseau l’équivalent en 2013. On pointe souvent le retard du réseau électrique chinois, qui serait inadapté pour absorber ces nouvelles capacités dont la production est moins régulière du fait de l’instabilité des régimes de vent. Il apparaît cependant que les autorités ont produit les efforts nécessaires sur le réseau pour que 80% des capacités éoliennes – estimées à 75,6 Gigawatt soient effectivement connectées sur un réseau suffisamment performant. Ainsi, le pays devrait facilement atteindre son objectif de 100 Gigawatt de puissance éolienne connectée en 2015. La CREIA - Chinese Renewable Energy Industry Association – envisage sereinement d’atteindre 200 Gigawatt en 2020. Avec sept « méga bases éoliennes » en construction dans six province pour une puissance programmée de 138 Gigawatt, les projections de la CREIA semble plus que réalistes. Dans ces conditions, les chercheurs de Harvard
L’éolien affirme ici clairement ses avantages. Les ressources de vent sont sans limite. Les fermes éoliennes peuvent être construites rapidement, leurs émissions de gaz à effet de serre sont négligeables, et leur production réduit d’autant les besoins d’importation d’uranium dont la Chine est dépendante. Enfin, l’éolien est particulièrement intéressant dans ce pays exposé au manque régulier d’eau qui est indispensable au fonctionnement des centrales nucléaires ou thermiques. Avec l’attention croissante portée aux questions de changement climatique et de manque d’eau, la production éolienne est de plus en plus attractive.
Pour plus d’information, voir Earth Policy Institute’s Wind Indicator
et la mise à jour du Plan B “Fukushima Meltdown Hastens Decline of Nuclear Power
et la mise à jour du Plan B “Fukushima Meltdown Hastens Decline of Nuclear Power
Interview publié par ENERPRESSE le 22 février
Propos recueillis par Carole Lanzi
Quels sont pour vous les principaux enjeux du débat sur la transition énergétique ?
Nous devons, d’une part, nous placer dans une trajectoire répondant aux impératifs de la lutte contre le changement climatique et, d’autre part, traiter les questions liées à la structure énergétique de notre pays, notamment notre parc nucléaire vieillissant. Ce sont là les deux enjeux clés de la transition. Ils nous conduisent à nous interroger sur ce que sera la société en 2050, une société sobre en carbone et en énergie. C’est pour cela que nous avons proposé d’entrer dans le débat par l’interrogation de nos besoins énergétiques : Quels sont-ils aujourd’hui ? Que seront-ils demain ? C’est ensuite seulement que nous verrons comment couvrir ses besoins, en interrogeant également la composante institutionnelle de la transition, à savoir la part de politique énergétique qu’il faudra décentraliser.
Nous devons, d’une part, nous placer dans une trajectoire répondant aux impératifs de la lutte contre le changement climatique et, d’autre part, traiter les questions liées à la structure énergétique de notre pays, notamment notre parc nucléaire vieillissant. Ce sont là les deux enjeux clés de la transition. Ils nous conduisent à nous interroger sur ce que sera la société en 2050, une société sobre en carbone et en énergie. C’est pour cela que nous avons proposé d’entrer dans le débat par l’interrogation de nos besoins énergétiques : Quels sont-ils aujourd’hui ? Que seront-ils demain ? C’est ensuite seulement que nous verrons comment couvrir ses besoins, en interrogeant également la composante institutionnelle de la transition, à savoir la part de politique énergétique qu’il faudra décentraliser.
Lors des Assises de l’énergie de Grenoble, fin janvier, vous avez déclaré attendre plus du débat territorial que des échanges du conseil national. Pour quelles raisons ?
Les acteurs du débat, au niveau national, se connaissent par cœur et nous savons qu’ils auront du mal à sortuir des postures habituelles. En revanche, je parie sur la multiplication des lieux de débat qui va faire émerger des propositions, mettre en lulière des réalisayion ou ouvrir de nouvelles perspectives.
Les acteurs du débat, au niveau national, se connaissent par cœur et nous savons qu’ils auront du mal à sortuir des postures habituelles. En revanche, je parie sur la multiplication des lieux de débat qui va faire émerger des propositions, mettre en lulière des réalisayion ou ouvrir de nouvelles perspectives.
Le secteur des transports n’est-il pas d’être un peu oublié ?
Il n’est pas oublié mais il reste, c’est vrai encore un peu en périphérie du débat. Les six mois de débat ne vont pas nous permettre d’aller au bout de tous les sujets. Nous devons nous concentrer sur l’évaluation de nos besoin et le meilleur mix énergétique pour y répondre ! Le débat ne va pas graver dans le marbre la trajectoire de la transition énergétique jusqu’en 2050. Il identifiera des sujets sur lesquels il faudra revenir dans quelques mois ou quelques années. Le transport fait probablement partie des ces chantiers qu’il faudra approfondir.
Il n’est pas oublié mais il reste, c’est vrai encore un peu en périphérie du débat. Les six mois de débat ne vont pas nous permettre d’aller au bout de tous les sujets. Nous devons nous concentrer sur l’évaluation de nos besoin et le meilleur mix énergétique pour y répondre ! Le débat ne va pas graver dans le marbre la trajectoire de la transition énergétique jusqu’en 2050. Il identifiera des sujets sur lesquels il faudra revenir dans quelques mois ou quelques années. Le transport fait probablement partie des ces chantiers qu’il faudra approfondir.
Quel poids devront avoir dans le débat les conséquences économiques et en termes d’emplois des choix énergétiques ?
Ces questions sont centrales. Je souhaite que l’on raisonne en bilan net en emplois. On perdra des emplois dans certains secteurs, mais il faudra se demander combien pourront être gagner dans d’autres secteurs. La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim concerne 1.500 à 2.000 emplois directs et indirects sur 5 à 6 ans. La baisse du tarif de rachat de l’électricité solaire a détruit l’an dernier plus de 10.000 empois. Les efforts de rénovation du bâti pourraient en créer 100.000 ! Le développement des filières industrielles dans les renouvelables nécessité une vraie ambition européenne. Si nous avions, il y a 10 ou 15 ans, associé plusieurs pays (France, Allemagne, Espagne…) dans les ENR, nous aurions aujourd’hui en Europe des acteurs comparable à ce qu’est devenu Airbus dans le secteur aéronautique.
Agissons vite, car il n’est pas (encore) trop tard !
Ces questions sont centrales. Je souhaite que l’on raisonne en bilan net en emplois. On perdra des emplois dans certains secteurs, mais il faudra se demander combien pourront être gagner dans d’autres secteurs. La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim concerne 1.500 à 2.000 emplois directs et indirects sur 5 à 6 ans. La baisse du tarif de rachat de l’électricité solaire a détruit l’an dernier plus de 10.000 empois. Les efforts de rénovation du bâti pourraient en créer 100.000 ! Le développement des filières industrielles dans les renouvelables nécessité une vraie ambition européenne. Si nous avions, il y a 10 ou 15 ans, associé plusieurs pays (France, Allemagne, Espagne…) dans les ENR, nous aurions aujourd’hui en Europe des acteurs comparable à ce qu’est devenu Airbus dans le secteur aéronautique.
Agissons vite, car il n’est pas (encore) trop tard !
Invité à La Matinale de Radio Campus, radio associative étudiante et indépendante, pour répondre aux questions des animateurs de l'émission a propos du Débat national sur la transition énergétique, j'ai eu le plaisir d'être accueilli par le talentueux auteur de la chronique « Vert et revers » : Barnabé Binctin. Je souhaitais partager cette chronique, que Barnabé présente lui même comme "la seule chronique very véritablement verte de la radio française". Une belle mise en regard de l'Europe et de l'écologie. Rafraichissant !
La grande nouvelle en ce début d’année, c’est que 2012 ne fut finalement pas l’année de la fin de notre monde. Et la bonne, c’est que ce n’est pas une raison pour se priver d’en penser un autre, de monde. Un peu à l’image du dernier livre d’Hervé Kempf, sorti le 3 janvier dernier, qu’il a intitulé Fin de l’occident, naissance du monde. C’est pourquoi la bonne résolution 2013 de « Vert et revers » est de ne pas se résoudre, en gardant sa dimension critique et optimiste de remise en cause.
On le sait, chaque année qui commence se tourne toujours un peu, paradoxalement, vers le passé, en révélant de nouveaux anniversaires de l’Histoire, en annonçant de nouvelles bougies mémoriales à souffler. Autant les anticiper donc, et spécialement pour vous, j’ai fait ma sélection, tout en décimale :
On le sait, chaque année qui commence se tourne toujours un peu, paradoxalement, vers le passé, en révélant de nouveaux anniversaires de l’Histoire, en annonçant de nouvelles bougies mémoriales à souffler. Autant les anticiper donc, et spécialement pour vous, j’ai fait ma sélection, tout en décimale :
Ainsi, 2013 sera l’année des 10 ans de la fameuse canicule, l’année des 20 ans de l’entrée en vigueur du Traité de Maastricht, l’année des 30 ans de… la victoire de Noah à Roland-Garros – bon OK, ça, c’était surtout pour faire diversion et oublier que 1983 était aussi le tournant de la rigueur pour la gauche au pouvoir, une bougie qu’on se passerait bien de souffler en ces temps actuels… 2013 sera l’année des 40 ans du premier choc pétrolier et, enfin, l’année des 50 ans du traité de l’Elysée, ce célèbre pacte d’amitié et de coopération franco-allemande qui fut moteur de la construction européenne. Ce n’est pas exhaustif, bien sûr, on aurait pu faire d’autres choix d’anniversaire, certes, mais il y a avec ceux-ci de beaux cadeaux conceptuels et un héritage historique à méditer.
A travers ces commémorations, 2013 célèbrera deux prises de conscience fondamentales de la deuxième moitié du XXème siècle : celle de l’Europe et celle de notre environnement. Les Traités de Maastricht & de l’Elysée marquent l’avènement d’une véritable identité européenne, tandis que canicule & choc pétrolier rappellent l’émergence de l’écologie comme objet politique par la preuve de la limitation des ressources naturelles ou celle du dérèglement climatique. 2013 est donc l’occasion de rétablir le rapport de convenance entre Europe et Ecologie, de montrer que l’un n’avance pas sans l’autre, et vice versa.
De la même manière que la construction européenne a remis en ordre de marche des territoires et des peuples ravagés par la guerre, le projet écologiste doit faire sortir la zone Euro de l’enlisement dans la crise économique et dans la récession sociale. L’Union européenne a quelques réussites humaines et éducatives à son compte, avec les programmes Erasmus ou son petit frère, le programme Leonardo, qui permet l’échange dans toute l’Europe de jeunes en formation professionnelle. A quand un programme Magellan – ou que sais-je ? – pour aller découvrir et partager toutes les initiatives locales à but écolo qui foisonnent sur le sol européen ?
De la même manière que la construction européenne a remis en ordre de marche des territoires et des peuples ravagés par la guerre, le projet écologiste doit faire sortir la zone Euro de l’enlisement dans la crise économique et dans la récession sociale. L’Union européenne a quelques réussites humaines et éducatives à son compte, avec les programmes Erasmus ou son petit frère, le programme Leonardo, qui permet l’échange dans toute l’Europe de jeunes en formation professionnelle. A quand un programme Magellan – ou que sais-je ? – pour aller découvrir et partager toutes les initiatives locales à but écolo qui foisonnent sur le sol européen ?
Le 50ème anniversaire du Traité de l’Elysée mettra très probablement en avant les relations commerciales pérennes entre la France & l’Allemagne – 168 milliards d’euro d’échange en 2011, tout de même ! – et la réussite de fleurons industriels tels qu’AIRBUS. N’est-il pas temps de profiter de la coopération économique entre ces deux nations pour orienter l’investissement dans la recherche et le développement des énergies renouvelables au sein de l’Union Européenne ?
Le grand débat sur la transition énergétique qui s’installe en France est évidemment au cœur de ce projet de transformation écolo européen. A suivre...
Pour écouter l'émission
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Le grand débat sur la transition énergétique qui s’installe en France est évidemment au cœur de ce projet de transformation écolo européen. A suivre...
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Bruno Rebelle |
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Directeur de Transitions, agence conseil en développement durable Ancien responsable de Greenpeace en France et à l'international |
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| Par Bruno REBELLE | Jeudi 28 Février 2013 à 09:14 | 0 commentaire