L'écologie est désormais au coeur des enjeux du monde contemporain. Effet de mode ou mutation durable des comportements individuels et des choix collectifs ?
Pour la première séquence de leur 26e saison, les Rencontres Sciences Po/Sud Ouest proposent une stimulante table ronde sur l’environnement et s’interrogent sur la "durabilité" de l’écologie politique. Au lendemain d'élections européennes marquées par la montée en puissance du groupe des Verts au Parlement de Strasbourg, et à la veille d'un sommet de Copenhague aux perspectives incertaines, l'occasion de faire le point sur l'état de l'écologie politique en France et au-delà !
Invités à échanger lors de la table ronde :
Eric DELHAYE (Président-délégué de Cap 21)
Michel DUCHENE (Adjoint au Maire de Bordeaux, Vice-Président de la CUB aux Grands projets urbains)
Alain LIPIETZ (Député européen - Europe Écologie)
Bruno REBELLE (Directeur de Synergence, Conseil en développement durable)
Guillaume SAINTENY (Maître de conférences à l’École Polytechnique)
Revoir la rencontre en vidéo
LE COMPTE-RENDU DE LA RENCONTRE
La rencontre Sciences Po Sud Ouest a commencé par une annonce du programme de l'année, puis le thème de l’écologie a été abordé en faisant référence à l'important score des verts lors des dernières élections au Parlement européen. « Poussée verte » confirmée par les élections législatives partielles à Rambouillet, dans les Yvelines, en septembre dernier.
Dans un premier temps, le débat s'est orienté sur le rôle de l'écologie politique avec plusieurs tentatives de définitions par les différents intervenants, dont celle d'Alain Lipietz qui la voit comme un « point de convergence de plusieurs approches scientifiques ». Le rapport des hommes et des femmes est selon lui l'un des points nodaux de l'écologie. Il agit sur la structure de la société et permet différentes situations écologiques. L'entrée en politique est l'élément déclencheur, elle permet de se battre pour vivre dans le meilleur modèle écologique possible. Une écologie durable, c'est celle qui passe par de « bons rapports sociaux entre les hommes » selon René Dumont. Pour Eric Delhaye, il faut tenter de sortir du clivage gauche/droite pour permettre à l'écologie politique d'entrer dans une « troisième voix ». Ce qu'il faut valoriser, c'est le respect de l'être humain. Le processus démocratique est alors au centre du débat. L'écologie du XXIe siècle transcende les obédiences politiques car elle concerne tout le monde. Quant à Michel Duchène, il a insisté sur la démarche de fond de l'écologie politique. On ne peut pas revenir sur trente années de politique économique. Néanmoins, une représentation plus « verte » des enjeux sociétaux par les partis traditionnels est envisageable. Bruno Rebelle a évoqué la notion de solidarité intergénérationnelle, seule garante d'une écologie politique durable puisque sociale et culturelle. C'est donc pour lui une valeur politique essentiellement de gauche.
Le débat s'est ensuite orienté vers l'écologie politique en France, dans une perspective comparative, avec les exemples de l'Irlande et de la République Tchèque où la représentation verte a été très précoce. La France fait ainsi office de « suiveur ». Le fractionnement de la mouvance écologique étant avancé comme l’explication principale de la tardive organisation verte en France. Le mouvement antinucléaire a été le principal point de convergence des premiers écologistes dans les années 70. Bruno Rebelle a alors précisé le rôle fondateur de Greenpeace dans la lutte pour le nucléaire civil et militaire. Le point de vue d'Alain Lipietz rejoint celui de Michel Duchène. La présence des verts dans la gauche plurielle a permis de mettre sur le devant de la scène la cause écologique. L'écologie politique nait des convergences des mouvements sociaux qui expriment avant tout une contestation. Il réaffirme ainsi que l'écologie politique est une valeur classée à gauche ce que Guillaume Sainteny conteste. Relatant son parcours en tant que membre du projet du Grenelle de l'environnement, il souligne les lacunes du programme écologique de Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle, et explique que ce Grenelle apparaissait comme une réponse rapide pour combler ce vide. Le projet du Grenelle 2 semble d'ores et déjà en retrait par rapport au projet du Grenelle 1.
Enfin, la notion d'engagement au service de l'écologie politique a été placée au cur du débat. Bruno Rebelle a parlé de son action au sein de Greenpeace et de son soutien apporté à Ségolène Royal lors de la campagne présidentielle. Michel Duchène a précisé quel a été son parcours atypique, avec des débuts anarcho-syndicalistes, pour terminer conseillé à la Mairie de Bordeaux. L'idée de venir en aide aux plus défavorisés est au centre de sa démarche écologique et politique. Lorsqu'il a été question de la taxe carbone, les participants étaient unanimes. Elle s'inscrit dans un cadre de réformes écologiques mal défini et incompris.
La table ronde s'est terminée par un scénario de politique fiction : on a demandé aux intervenants quelle serait la première réforme qu’ils feraient s’ils étaient nommés à Matignon. Pas de réponse unanime, mais plusieurs idées ont été avancées, comme une réforme démocratique pour une participation plus large des citoyens à la conduite des politiques publiques, une diminution du nucléaire, un moratoire sur la construction des EPR, des réformes pour une indépendance énergétique de l’Europe et la mise en place d’une véritable solidarité intergénérationnelle.
Pour la première séquence de leur 26e saison, les Rencontres Sciences Po/Sud Ouest proposent une stimulante table ronde sur l’environnement et s’interrogent sur la "durabilité" de l’écologie politique. Au lendemain d'élections européennes marquées par la montée en puissance du groupe des Verts au Parlement de Strasbourg, et à la veille d'un sommet de Copenhague aux perspectives incertaines, l'occasion de faire le point sur l'état de l'écologie politique en France et au-delà !
Invités à échanger lors de la table ronde :
Eric DELHAYE (Président-délégué de Cap 21)
Michel DUCHENE (Adjoint au Maire de Bordeaux, Vice-Président de la CUB aux Grands projets urbains)
Alain LIPIETZ (Député européen - Europe Écologie)
Bruno REBELLE (Directeur de Synergence, Conseil en développement durable)
Guillaume SAINTENY (Maître de conférences à l’École Polytechnique)
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LE COMPTE-RENDU DE LA RENCONTRE
La rencontre Sciences Po Sud Ouest a commencé par une annonce du programme de l'année, puis le thème de l’écologie a été abordé en faisant référence à l'important score des verts lors des dernières élections au Parlement européen. « Poussée verte » confirmée par les élections législatives partielles à Rambouillet, dans les Yvelines, en septembre dernier.
Dans un premier temps, le débat s'est orienté sur le rôle de l'écologie politique avec plusieurs tentatives de définitions par les différents intervenants, dont celle d'Alain Lipietz qui la voit comme un « point de convergence de plusieurs approches scientifiques ». Le rapport des hommes et des femmes est selon lui l'un des points nodaux de l'écologie. Il agit sur la structure de la société et permet différentes situations écologiques. L'entrée en politique est l'élément déclencheur, elle permet de se battre pour vivre dans le meilleur modèle écologique possible. Une écologie durable, c'est celle qui passe par de « bons rapports sociaux entre les hommes » selon René Dumont. Pour Eric Delhaye, il faut tenter de sortir du clivage gauche/droite pour permettre à l'écologie politique d'entrer dans une « troisième voix ». Ce qu'il faut valoriser, c'est le respect de l'être humain. Le processus démocratique est alors au centre du débat. L'écologie du XXIe siècle transcende les obédiences politiques car elle concerne tout le monde. Quant à Michel Duchène, il a insisté sur la démarche de fond de l'écologie politique. On ne peut pas revenir sur trente années de politique économique. Néanmoins, une représentation plus « verte » des enjeux sociétaux par les partis traditionnels est envisageable. Bruno Rebelle a évoqué la notion de solidarité intergénérationnelle, seule garante d'une écologie politique durable puisque sociale et culturelle. C'est donc pour lui une valeur politique essentiellement de gauche.
Le débat s'est ensuite orienté vers l'écologie politique en France, dans une perspective comparative, avec les exemples de l'Irlande et de la République Tchèque où la représentation verte a été très précoce. La France fait ainsi office de « suiveur ». Le fractionnement de la mouvance écologique étant avancé comme l’explication principale de la tardive organisation verte en France. Le mouvement antinucléaire a été le principal point de convergence des premiers écologistes dans les années 70. Bruno Rebelle a alors précisé le rôle fondateur de Greenpeace dans la lutte pour le nucléaire civil et militaire. Le point de vue d'Alain Lipietz rejoint celui de Michel Duchène. La présence des verts dans la gauche plurielle a permis de mettre sur le devant de la scène la cause écologique. L'écologie politique nait des convergences des mouvements sociaux qui expriment avant tout une contestation. Il réaffirme ainsi que l'écologie politique est une valeur classée à gauche ce que Guillaume Sainteny conteste. Relatant son parcours en tant que membre du projet du Grenelle de l'environnement, il souligne les lacunes du programme écologique de Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle, et explique que ce Grenelle apparaissait comme une réponse rapide pour combler ce vide. Le projet du Grenelle 2 semble d'ores et déjà en retrait par rapport au projet du Grenelle 1.
Enfin, la notion d'engagement au service de l'écologie politique a été placée au cur du débat. Bruno Rebelle a parlé de son action au sein de Greenpeace et de son soutien apporté à Ségolène Royal lors de la campagne présidentielle. Michel Duchène a précisé quel a été son parcours atypique, avec des débuts anarcho-syndicalistes, pour terminer conseillé à la Mairie de Bordeaux. L'idée de venir en aide aux plus défavorisés est au centre de sa démarche écologique et politique. Lorsqu'il a été question de la taxe carbone, les participants étaient unanimes. Elle s'inscrit dans un cadre de réformes écologiques mal défini et incompris.
La table ronde s'est terminée par un scénario de politique fiction : on a demandé aux intervenants quelle serait la première réforme qu’ils feraient s’ils étaient nommés à Matignon. Pas de réponse unanime, mais plusieurs idées ont été avancées, comme une réforme démocratique pour une participation plus large des citoyens à la conduite des politiques publiques, une diminution du nucléaire, un moratoire sur la construction des EPR, des réformes pour une indépendance énergétique de l’Europe et la mise en place d’une véritable solidarité intergénérationnelle.
Bruno Rebelle |
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Directeur de Transitions, agence conseil en développement durable Ancien responsable de Greenpeace en France et à l'international |
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| Mercredi 21 Octobre 2009 à 17:50 | 0 commentaire