Trois événements, a priori totalement déconnectés, viennent converger pour souligner l’ineptie des positions gouvernementales sur le solaire photovoltaïque et les liaisons toujours incestueuses qu’entretien l’industrie électronucléaire avec le pouvoir.
Le premier est la mobilisation remarquable des acteurs de la filière. Au delà de la colère
- oh combien légitime ! - que génère chez eux le coup d’arrêt décrété par le gouvernement, ils proposent avec une grande maturité d’assainir un dispositif dont ils ont depuis longtemps dénoncé les imperfections. Ils proposent des mesures, des contraintes et des garde-fous pour que les soutiens publics servent effectivement le développement durable d’une filière solaire française, encore embryonnaire alors que ce secteur industriel explose partout dans le monde. Il demande aussi de ne pas avoir recours aux appels d’offre pour distribuer les quota à installer, sachant très bien que ce seront les gros opérateurs et, en particulier EDF énergie renouvelable, qui rafleront la mise. Ils acceptent même le principe de plafonnement des aides, et envoie de ce fait un joli camouflet à ceux qui ont décidé brutalement de casser un système d’aide, au seul motif que ce système « coûte cher ». Mais est ce que quelqu’un s’est posé la seule question qui vaille : Cher par rapport à quoi ? Cher par rapport aux milliards engloutis depuis des décennies par l’industrie électronucléaire ? Cher par rapport aux 25.000 emplois créés en 3 ans par la filière photovoltaïque quand l’emploi « nucléaire » de EDF représente à peine 20.000 salariés ? Cher par rapport aux importations énergétiques évitées ? La politique devrait être, me semble-t-il, de décider où affecter préférentiellement les ressources publiques pour servir au mieux l’intérêt général, par exemple pour créer de l’emploi, réduire notre dépendance aux énergies importées, développer la part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique, favoriser des stratégies industrielles de non regret… caractéristiques que l’industrie photovoltaïque naissante remplie parfaitement.
La bonne nouvelle est que cette mobilisation prend de l’ampleur. Après les acteurs économiques de la filière et les associations citoyennes, ce sont les collectivités locales qui soutiennent le mouvement, comme l’Association des Régions de France qui vient de signer l’appel pour sauver la filière. Le gouvernement « central » lui n’a pas encore compris !
Le deuxième événement est la publication d’un rapport rédigé par Greenpeace et l’association européenne de l’industrie photovoltaïque (EPIA European Photovoltaic Industry Association) qui souligne la bonne santé de cette industrie dans le monde, soulignant par exemple que la puissance installée dans le monde a atteint 35 gigawatts crête (GWc) fin 2010, progressant de 50 % par rapport à 2009. Ce rapport nous dit aussi que le coût de production des panneaux baisse régulièrement et continuera de baisser (22 % de baisse à chaque doublement de la capacité mondiale installée). Enfin, ce rapport souligne que le rendement des modules ne fait lui qu’augmenter. En suivant ces évolutions, le photovoltaïque pourrait produire jusqu’à 4 % de l’électricité mondiale en 2020, et être à l’origine de la création de 3,6 millions d’emplois… A priori, il semblerait plus malin de rester dans cette course là ! C’est ce que la plupart des pays dans le monde, et en particulier les économies émergeantes, ont compris. Alors oui la Chine exporte ses panneaux solaires, quand notre gouvernement radieux et irradié tente désespérément de vendre ses EPR alors même qu’Areva peine à le construire en France ou en Finlande. De qui faut il se plaindre, de qui faut il se moquer ?
Le troisième événement, de bine moindre importance celui là, est une interview donnée Claude JEANDRON – Directeur Adjoint au Développement Durable d'Edf dans le cadre d’une étude IFOP commanditée par l'Observatoire du Développement Durable. Le responsable d’EDF invité à expliquer aux lecteurs « les enjeux des énergies renouvelables » nous livre une déclaration aussi enthousiaste qu’explicite… « Les énergies renouvelables sont effectivement indispensables parce qu’elles économisent les ressources naturelles et contribuent à réduire les impacts des autres énergies. Cela étant, ce n’est pas parce qu’une énergie est renouvelable qu’elle est forcément propre et complètement acceptée… Aujourd’hui on veut bien du solaire mais il commence à y avoir une forme d’opposition. Pour que ces développements soient durables, il faut qu’ils soient acceptables aussi sur le plan économique et qu’ils ne conduisent pas à des difficultés d’intégration aux systèmes électriques mettant en danger la sécurité de l’alimentation des gens…. Autre difficulté qui se comprend très bien, la production solaire et la production éolienne sont des productions intermittentes… »
Trop fort monsieur Jeandron… Comme si la production nucléaire s'adaptait super bien aux pics de consommations, et comme si ces centrales, les sites d’enfouissement de déchets nucléaires et les forages de gaz de schistes ne souffraient d’aucun problème d’acceptation ?
Tout est dit…
Ces quelques observations ne font que conforter le sentiment que j’ai depuis de trop nombreuses années : le principal frein au développement des énergies renouvelables en 3D - décentralisées, diversifiées et déconcentrées – reste l’hyper puissance d’EDF et l’implication du lobby électronucléaire à tous les étages de l’appareil d’état.
Il faudra encore de nombreux combats pour faire émerger l’alternative !
Bruno Rebelle
Le premier est la mobilisation remarquable des acteurs de la filière. Au delà de la colère
- oh combien légitime ! - que génère chez eux le coup d’arrêt décrété par le gouvernement, ils proposent avec une grande maturité d’assainir un dispositif dont ils ont depuis longtemps dénoncé les imperfections. Ils proposent des mesures, des contraintes et des garde-fous pour que les soutiens publics servent effectivement le développement durable d’une filière solaire française, encore embryonnaire alors que ce secteur industriel explose partout dans le monde. Il demande aussi de ne pas avoir recours aux appels d’offre pour distribuer les quota à installer, sachant très bien que ce seront les gros opérateurs et, en particulier EDF énergie renouvelable, qui rafleront la mise. Ils acceptent même le principe de plafonnement des aides, et envoie de ce fait un joli camouflet à ceux qui ont décidé brutalement de casser un système d’aide, au seul motif que ce système « coûte cher ». Mais est ce que quelqu’un s’est posé la seule question qui vaille : Cher par rapport à quoi ? Cher par rapport aux milliards engloutis depuis des décennies par l’industrie électronucléaire ? Cher par rapport aux 25.000 emplois créés en 3 ans par la filière photovoltaïque quand l’emploi « nucléaire » de EDF représente à peine 20.000 salariés ? Cher par rapport aux importations énergétiques évitées ? La politique devrait être, me semble-t-il, de décider où affecter préférentiellement les ressources publiques pour servir au mieux l’intérêt général, par exemple pour créer de l’emploi, réduire notre dépendance aux énergies importées, développer la part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique, favoriser des stratégies industrielles de non regret… caractéristiques que l’industrie photovoltaïque naissante remplie parfaitement.
La bonne nouvelle est que cette mobilisation prend de l’ampleur. Après les acteurs économiques de la filière et les associations citoyennes, ce sont les collectivités locales qui soutiennent le mouvement, comme l’Association des Régions de France qui vient de signer l’appel pour sauver la filière. Le gouvernement « central » lui n’a pas encore compris !
Le deuxième événement est la publication d’un rapport rédigé par Greenpeace et l’association européenne de l’industrie photovoltaïque (EPIA European Photovoltaic Industry Association) qui souligne la bonne santé de cette industrie dans le monde, soulignant par exemple que la puissance installée dans le monde a atteint 35 gigawatts crête (GWc) fin 2010, progressant de 50 % par rapport à 2009. Ce rapport nous dit aussi que le coût de production des panneaux baisse régulièrement et continuera de baisser (22 % de baisse à chaque doublement de la capacité mondiale installée). Enfin, ce rapport souligne que le rendement des modules ne fait lui qu’augmenter. En suivant ces évolutions, le photovoltaïque pourrait produire jusqu’à 4 % de l’électricité mondiale en 2020, et être à l’origine de la création de 3,6 millions d’emplois… A priori, il semblerait plus malin de rester dans cette course là ! C’est ce que la plupart des pays dans le monde, et en particulier les économies émergeantes, ont compris. Alors oui la Chine exporte ses panneaux solaires, quand notre gouvernement radieux et irradié tente désespérément de vendre ses EPR alors même qu’Areva peine à le construire en France ou en Finlande. De qui faut il se plaindre, de qui faut il se moquer ?
Le troisième événement, de bine moindre importance celui là, est une interview donnée Claude JEANDRON – Directeur Adjoint au Développement Durable d'Edf dans le cadre d’une étude IFOP commanditée par l'Observatoire du Développement Durable. Le responsable d’EDF invité à expliquer aux lecteurs « les enjeux des énergies renouvelables » nous livre une déclaration aussi enthousiaste qu’explicite… « Les énergies renouvelables sont effectivement indispensables parce qu’elles économisent les ressources naturelles et contribuent à réduire les impacts des autres énergies. Cela étant, ce n’est pas parce qu’une énergie est renouvelable qu’elle est forcément propre et complètement acceptée… Aujourd’hui on veut bien du solaire mais il commence à y avoir une forme d’opposition. Pour que ces développements soient durables, il faut qu’ils soient acceptables aussi sur le plan économique et qu’ils ne conduisent pas à des difficultés d’intégration aux systèmes électriques mettant en danger la sécurité de l’alimentation des gens…. Autre difficulté qui se comprend très bien, la production solaire et la production éolienne sont des productions intermittentes… »
Trop fort monsieur Jeandron… Comme si la production nucléaire s'adaptait super bien aux pics de consommations, et comme si ces centrales, les sites d’enfouissement de déchets nucléaires et les forages de gaz de schistes ne souffraient d’aucun problème d’acceptation ?
Tout est dit…
Ces quelques observations ne font que conforter le sentiment que j’ai depuis de trop nombreuses années : le principal frein au développement des énergies renouvelables en 3D - décentralisées, diversifiées et déconcentrées – reste l’hyper puissance d’EDF et l’implication du lobby électronucléaire à tous les étages de l’appareil d’état.
Il faudra encore de nombreux combats pour faire émerger l’alternative !
Bruno Rebelle
Bruno Rebelle |
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Directeur de Transitions, agence conseil en développement durable Ancien responsable de Greenpeace en France et à l'international |
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| Par Bruno REBELLE | Jeudi 3 Février 2011 à 21:23 | 0 commentaire