Je ne tiens plus… voilà plusieurs jours que je me retiens de pousser un coup de gueule… Hésitation motivée par l’impression que tout aurait déjà été dit… Mais ce matin encore, 29 mars 2011, la radio égraine une litanie de « nouvelles révélations » sans qu’à aucun moment, aucun journaliste, commentateur, décideur n’accepte de dénommer le drame de Fukushima pour ce qu’il est une CATASTROPHE industrielle du rang des Bhopal, Seveso… et Tchnernobyl.
Il est pourtant frappant de constater que dans les médias étrangers – anglo-saxons notamment – il y a plusieurs jours déjà que ce terme de catastrophe circule. On peut comprendre que l’Etat français, imprégné qu’il est du dogme nucléaro-industriel, ait quelques difficultés à reconnaître l’évidence : au delà d’un certain seuil un accident industriel dans une centrale nucléaire devient incontrôlable… On comprend moins pourquoi et comment les médias français continuent à s’autocensurer en évitant d’employer le mot fatal : catastrophe !
Quelques semaines après le drame japonais provoqué par la conjonction d’un tremblement de terre exceptionnel et d’un tsunami dévastateur, c’est tout l’argumentaire des nucléocrates qui s’effondre. Ceux là même avaient balayé d’un revers de main l’accident de Tchnernobyl, attribuant l’explosion du réacteur n°1 à une erreur humaine. Le lobby de l’atome s’en tirait à bon compte : les ingénieurs français ne pouvaient en aucun cas être comparés aux techniciens irresponsables, apprentis sorciers qui auraient poussé de manière irresponsable les tests de résistance des systèmes de sécurité de leur réacteur… jusqu’à l’emballement incontrôlé et jusqu’au drame dont toute une région paye encore – plus de 20 après - les conséquences. Tchnernobyl ne pouvait donc pas arriver en France !
Au lendemain du Tsunami qui a dévasté la région de Shendaï, les promoteurs du nucléaire franco-français ont sauté sur l’argument géographique : la France avec ces 58 réacteurs est naturellement à l’abri d’une telle conjonction de catastrophes naturelles. Et même si certaines centrales sont installées sur des zones sismiques reconnues elles ne peuvent certainement pas être « en plus » submergées par un tsunami. Dont acte… Mais le « problème » nucléaire n’est pas là. Quelque soit la cause initiale de l’incident nucléaire, ce que nous apprend – une nouvelle fois Fukushima – c’est qu’au delà d’un certain seuil l’emballement d’un réacteur nucléaire est incontrôlable. Il n’est donc pas très utile d’ergoter sur les évènements qui peuvent provoquer cet incident initial, il est surtout urgent d’admettre cette évidence : l’homme ne maîtrise pas la technologie nucléaire !
C’est pour cette raison, et pour bien d’autres qu’il faut au plus vite dessiner une autre politique énergétique qui s’affranchisse du risque nucléaire comme elle devra s’affranchir du risque climatique.
Il est pourtant frappant de constater que dans les médias étrangers – anglo-saxons notamment – il y a plusieurs jours déjà que ce terme de catastrophe circule. On peut comprendre que l’Etat français, imprégné qu’il est du dogme nucléaro-industriel, ait quelques difficultés à reconnaître l’évidence : au delà d’un certain seuil un accident industriel dans une centrale nucléaire devient incontrôlable… On comprend moins pourquoi et comment les médias français continuent à s’autocensurer en évitant d’employer le mot fatal : catastrophe !
Quelques semaines après le drame japonais provoqué par la conjonction d’un tremblement de terre exceptionnel et d’un tsunami dévastateur, c’est tout l’argumentaire des nucléocrates qui s’effondre. Ceux là même avaient balayé d’un revers de main l’accident de Tchnernobyl, attribuant l’explosion du réacteur n°1 à une erreur humaine. Le lobby de l’atome s’en tirait à bon compte : les ingénieurs français ne pouvaient en aucun cas être comparés aux techniciens irresponsables, apprentis sorciers qui auraient poussé de manière irresponsable les tests de résistance des systèmes de sécurité de leur réacteur… jusqu’à l’emballement incontrôlé et jusqu’au drame dont toute une région paye encore – plus de 20 après - les conséquences. Tchnernobyl ne pouvait donc pas arriver en France !
Au lendemain du Tsunami qui a dévasté la région de Shendaï, les promoteurs du nucléaire franco-français ont sauté sur l’argument géographique : la France avec ces 58 réacteurs est naturellement à l’abri d’une telle conjonction de catastrophes naturelles. Et même si certaines centrales sont installées sur des zones sismiques reconnues elles ne peuvent certainement pas être « en plus » submergées par un tsunami. Dont acte… Mais le « problème » nucléaire n’est pas là. Quelque soit la cause initiale de l’incident nucléaire, ce que nous apprend – une nouvelle fois Fukushima – c’est qu’au delà d’un certain seuil l’emballement d’un réacteur nucléaire est incontrôlable. Il n’est donc pas très utile d’ergoter sur les évènements qui peuvent provoquer cet incident initial, il est surtout urgent d’admettre cette évidence : l’homme ne maîtrise pas la technologie nucléaire !
C’est pour cette raison, et pour bien d’autres qu’il faut au plus vite dessiner une autre politique énergétique qui s’affranchisse du risque nucléaire comme elle devra s’affranchir du risque climatique.
Les gaz des schistes suscitent des débats houleux, aux Etats Unis, en France et au Québec. Le ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec, Pierre Arcand, vient de rendre le rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) sur le développement de l’industrie des gaz de schiste au Québec. Le BAPE est un peu l’équivalent de notre Commission nationale du débat public. Un peu seulement car la CNDP fait bien pâle figure à coté du BAPE. Que ce soit en matière d’indépendance, de densité des études et rapports publiés ou de transparence des concertations, notre système français gagnerait beaucoup à s’inspirer des mécanismes canadiens d’évaluation des risques environnementaux et de conduite des débats publics.
Il n’est dès lors pas surprenant de constater que le Ministre québécois conditionne la poursuite des travaux d’exploration des gisements potentiels de gaz de schistes à la mise en œuvre d’un processus d’évaluation environnementale stratégique, suivant en cela la principale recommandation du rapport du BAPE qui fait 43 constats sur la problématique et n’émet pas moins d’un centaine d’avis pour traiter cet épineux dossier.
Un des principaux constats du rapport du BAPE est de souligner l’état très parcellaire des connaissances autour des gaz et huiles de schiste, des modalités de leur extraction et des impacts environnementaux de cette exploitation. La mise en œuvre d’une évaluation approfondie semble donc l’attitude de précaution la plus responsable. Certains, l’industrie québécoise notamment, voient dans cette investigation supplémentaire un moratoire qui cache mal son nom. D’autres, les écologistes les plus radicaux, interprètent cette décision comme une façon habile pour le gouvernement québécois de gagner du temps au moment où sa côte d’impopularité bat des records. J’y vois pour ma part, une forme de sagesse qui consiste à analyser plus en profondeur les tenants et les aboutissants d’une problématique encore mal connue. J’y vois aussi une façon intelligente de consolider une position consensuelle et de pacifier les débats.
Je suis d’autant plus confiant que l’on parle bien d’une évaluation environnementale stratégique dont l’objet serait au delà de « l’évaluation des impacts et des risques environnementaux et la définition des seuils d’acceptabilité et des méthodes de mitigation appropriée » de cerner « la pertinence socio-économique de l’exploitation » de cette ressource. Tout est là : c’est bien l’interrogation de la pertinence du développement de cette nouvelle technologie. Une pertinence qui, bien évidemment, doit être analysée, au Québec comme en France, en rapport aux enjeux des politiques énergétiques nationales et internationales : sécurité d’approvisionnement, lutte contre le changement climatique, protection de l’environnement local…
Faisons donc le pari qu’après s’être donné 6 mois (de septembre 2010 à février 2011) pour conduire une première série d’audiences, recevoir presque 200 rapports et contributions de toutes origines et produire un rapport déjà très complet recommandant de conduire une évaluation environnementale stratégique, les autorités de la « Belle province » engageront avec le même sérieux un questionnement de qualité sur la pertinence d’exploiter, dans des conditions problématiques, des combustibles fossiles dont le monde, en général, et le Canada, en particulier, devraient apprendre à se passer.
Espérons aussi, que notre ministre française de l’écologie ait la sagesse d’engager une telle évaluation stratégique avant que les citoyens, les associations et les territoires concernés ne l’imposent. Le débat y gagnerait en qualité et en perspective.
Il n’est dès lors pas surprenant de constater que le Ministre québécois conditionne la poursuite des travaux d’exploration des gisements potentiels de gaz de schistes à la mise en œuvre d’un processus d’évaluation environnementale stratégique, suivant en cela la principale recommandation du rapport du BAPE qui fait 43 constats sur la problématique et n’émet pas moins d’un centaine d’avis pour traiter cet épineux dossier.
Un des principaux constats du rapport du BAPE est de souligner l’état très parcellaire des connaissances autour des gaz et huiles de schiste, des modalités de leur extraction et des impacts environnementaux de cette exploitation. La mise en œuvre d’une évaluation approfondie semble donc l’attitude de précaution la plus responsable. Certains, l’industrie québécoise notamment, voient dans cette investigation supplémentaire un moratoire qui cache mal son nom. D’autres, les écologistes les plus radicaux, interprètent cette décision comme une façon habile pour le gouvernement québécois de gagner du temps au moment où sa côte d’impopularité bat des records. J’y vois pour ma part, une forme de sagesse qui consiste à analyser plus en profondeur les tenants et les aboutissants d’une problématique encore mal connue. J’y vois aussi une façon intelligente de consolider une position consensuelle et de pacifier les débats.
Je suis d’autant plus confiant que l’on parle bien d’une évaluation environnementale stratégique dont l’objet serait au delà de « l’évaluation des impacts et des risques environnementaux et la définition des seuils d’acceptabilité et des méthodes de mitigation appropriée » de cerner « la pertinence socio-économique de l’exploitation » de cette ressource. Tout est là : c’est bien l’interrogation de la pertinence du développement de cette nouvelle technologie. Une pertinence qui, bien évidemment, doit être analysée, au Québec comme en France, en rapport aux enjeux des politiques énergétiques nationales et internationales : sécurité d’approvisionnement, lutte contre le changement climatique, protection de l’environnement local…
Faisons donc le pari qu’après s’être donné 6 mois (de septembre 2010 à février 2011) pour conduire une première série d’audiences, recevoir presque 200 rapports et contributions de toutes origines et produire un rapport déjà très complet recommandant de conduire une évaluation environnementale stratégique, les autorités de la « Belle province » engageront avec le même sérieux un questionnement de qualité sur la pertinence d’exploiter, dans des conditions problématiques, des combustibles fossiles dont le monde, en général, et le Canada, en particulier, devraient apprendre à se passer.
Espérons aussi, que notre ministre française de l’écologie ait la sagesse d’engager une telle évaluation stratégique avant que les citoyens, les associations et les territoires concernés ne l’imposent. Le débat y gagnerait en qualité et en perspective.
Le 15 février dernier, le Groupe Danone publiait ses résultats de l’année 2010. L’événement toujours très attendu par la communauté financière prenait cette année un relief nouveau : aux côtés des chiffres consolidés, devait être présenté un nouvel indicateur de l'empreinte carbone du groupe. J’ai eu l’honneur avec quelques bloggeurs de bénéficier, le 25 février, d’une présentation spéciale de ce qui nous était annoncé comme une innovation majeure, attestant de la « prise en compte des enjeux environnementaux au cœur de la stratégie du Groupe ». L’invitation précisait que cette annonce ne se positionnait pas comme la publication de quelques indicateurs supplémentaires, mais exprimait au contraire une « véritable conviction » que la valeur générée par l'entreprise ne peut plus être évaluée sur des paramètres uniquement économiques et financiers.
La « Directrice Générale Nature » du Groupe accompagnée de la « Directrice Financière Nature » nous a donc expliqué, avec force détails, la qualité et la profondeur de l’engagement de l’entreprise en matière de développement durable depuis le discours de d’Antoine Riboud annonçant en 1972 son « double projet » - réconcilier les hommes et la performance économique en respectant les limites de notre planète – jusqu’à l’adoption, en 2008, d’un plan d’action visant à réduire de 30% les émissions de GES.
La DG Nature était sur motivée. Elle pouvait afficher, avec une certaine fierté, des résultats très honorables : 22% de réduction sur la période 2008 – 2010. Plus impressionnant encore est la courbe de progrès qui atteste d’une mobilisation croissante : - 4 % en 2008, - 9 % en 2009, - 11 % en 2010. Cette progression laisse penser que la cible des 30% sera aisément atteinte fin 2011. Jusqu’ici tout va bien.
J’ai aussi été impressionné par la mobilisation d’envergure qui a permis au Groupe d’engager ces efforts. Chaque direction opérationnelle a maintenant son « Directeur nature ». Près de 1400 managers se sont vu assigner des objectifs concrets de réduction de CO2 et sont incités par un bonus indexé sur la réalisation de ces objectifs. On retrouve là le savoir faire Danone en matière de mobilisation des femmes et des hommes de l’entreprise. Ce premier volet du double projet d’Antoine Riboud semble bien avoir porté ses fruits.
J’ai également été intéressé par la rigueur de l’approche et le détail de l’analyse des chiffres présentés, appréciant en particulier la distinction des réductions découlant de changements du mix produit ou de variation des facteurs d’émission, de celles effectivement attribuables aux efforts spécifiques engagés par les « Danoners », comme ils s’appellent entre eux.
Mais… oui, je le regrette il y a un mais, j’avoue ne pas avoir été totalement séduit par l’approche générale proposée par le champion du yaourt et de l’eau en bouteille.
D’une part, il nous aura fallut attendre la fin de la présentation pour comprendre que l’engagement de réduction ne porte que sur le périmètre restreint de la responsabilité directe du Groupe, le fameux « scope 1 ». Reconnaissons pour autant que les responsables de ce reporting n’ont pas caché que ce périmètre ne représente que 45 % des émissions de l’ensemble. La réduction de 30% sur ce champ restreint ne signifie donc plus qu’un engagement global de 13,5 %... moins inspirant vous l’admettrez…
D’autre part, cet engagement reste exprimé en valeur relative. Le Groupe s’engage à réduire de 30% les émissions de GES sur son périmètre de responsabilité directe PAR UNITE de produit commercialisé. La directrice financière – fut elle directrice financière « Nature » - nous explique qu’il n’est pas possible de contraindre la croissance du Groupe, et donc pas possible de donner un objectif de valeur absolue. L’enthousiasme initial s’est éteint totalement… la croissance des volumes aura tôt fait d’effacer les réductions par unité.
Enfin et surtout, alors que je m’attendais à une véritable intégration de cette comptabilisation carbone dans le bilan financier de l’entreprise, nous n’avons eu droit qu’à une série d’explications, assez hasardeuses, sur la complexité des règles de comptage du carbone, sur l’absence de normes partagées entre les entreprises du secteur, sur la prétendue impossibilité d’une certification du bilan carbone et sur les risques d’une mise en équation économique du carbone. Dommage, vraiment dommage…
Dommage également de constater qu’aucune réflexion n’a été engagée, à ce jour, ni sur la valorisation économique des réductions de consommation d’énergie ou d’intrant, ni sur la possible compensation des émissions incompressibles, ni, enfin, sur le montage de projets éligibles au titre du mécanisme de développement propre du protocole de Kyoto pour encadrer les efforts louables de restauration de la mangrove financé par le Fonds « Danone pour la nature », effort dont, au passage, on comprend mal comment ils entrent en cohérence avec le plan annoncé de réduire de 30 % les émissions de GES.
Si les intentions sont louables, force est de constater qu’il reste beaucoup à faire pour que Danone puisse affirmer une véritable innovation en terme de comptabilisation de l’impact carbone de ses activités. Les travaux ne manquent pas dans la sphère universitaire et auprès des acteurs techniques, par exemple pour inscrire, au bilan de l’entreprise, l’impact (positif ou négatif) de l’évolution des pratiques agricoles pour produire le lait qui deviendra yaourt ou fromage blanc. Surtout on aurait pu attendre d’un grand groupe comme Danone qu’il joue pleinement son rôle de leader sur le secteur et qu’il prenne le risque d’être effectivement en avance sur ces concurrents…
Pour honorer le discours de 1972 du père, le fils, Frank Riboud, peut mieux faire… !!
La « Directrice Générale Nature » du Groupe accompagnée de la « Directrice Financière Nature » nous a donc expliqué, avec force détails, la qualité et la profondeur de l’engagement de l’entreprise en matière de développement durable depuis le discours de d’Antoine Riboud annonçant en 1972 son « double projet » - réconcilier les hommes et la performance économique en respectant les limites de notre planète – jusqu’à l’adoption, en 2008, d’un plan d’action visant à réduire de 30% les émissions de GES.
La DG Nature était sur motivée. Elle pouvait afficher, avec une certaine fierté, des résultats très honorables : 22% de réduction sur la période 2008 – 2010. Plus impressionnant encore est la courbe de progrès qui atteste d’une mobilisation croissante : - 4 % en 2008, - 9 % en 2009, - 11 % en 2010. Cette progression laisse penser que la cible des 30% sera aisément atteinte fin 2011. Jusqu’ici tout va bien.
J’ai aussi été impressionné par la mobilisation d’envergure qui a permis au Groupe d’engager ces efforts. Chaque direction opérationnelle a maintenant son « Directeur nature ». Près de 1400 managers se sont vu assigner des objectifs concrets de réduction de CO2 et sont incités par un bonus indexé sur la réalisation de ces objectifs. On retrouve là le savoir faire Danone en matière de mobilisation des femmes et des hommes de l’entreprise. Ce premier volet du double projet d’Antoine Riboud semble bien avoir porté ses fruits.
J’ai également été intéressé par la rigueur de l’approche et le détail de l’analyse des chiffres présentés, appréciant en particulier la distinction des réductions découlant de changements du mix produit ou de variation des facteurs d’émission, de celles effectivement attribuables aux efforts spécifiques engagés par les « Danoners », comme ils s’appellent entre eux.
Mais… oui, je le regrette il y a un mais, j’avoue ne pas avoir été totalement séduit par l’approche générale proposée par le champion du yaourt et de l’eau en bouteille.
D’une part, il nous aura fallut attendre la fin de la présentation pour comprendre que l’engagement de réduction ne porte que sur le périmètre restreint de la responsabilité directe du Groupe, le fameux « scope 1 ». Reconnaissons pour autant que les responsables de ce reporting n’ont pas caché que ce périmètre ne représente que 45 % des émissions de l’ensemble. La réduction de 30% sur ce champ restreint ne signifie donc plus qu’un engagement global de 13,5 %... moins inspirant vous l’admettrez…
D’autre part, cet engagement reste exprimé en valeur relative. Le Groupe s’engage à réduire de 30% les émissions de GES sur son périmètre de responsabilité directe PAR UNITE de produit commercialisé. La directrice financière – fut elle directrice financière « Nature » - nous explique qu’il n’est pas possible de contraindre la croissance du Groupe, et donc pas possible de donner un objectif de valeur absolue. L’enthousiasme initial s’est éteint totalement… la croissance des volumes aura tôt fait d’effacer les réductions par unité.
Enfin et surtout, alors que je m’attendais à une véritable intégration de cette comptabilisation carbone dans le bilan financier de l’entreprise, nous n’avons eu droit qu’à une série d’explications, assez hasardeuses, sur la complexité des règles de comptage du carbone, sur l’absence de normes partagées entre les entreprises du secteur, sur la prétendue impossibilité d’une certification du bilan carbone et sur les risques d’une mise en équation économique du carbone. Dommage, vraiment dommage…
Dommage également de constater qu’aucune réflexion n’a été engagée, à ce jour, ni sur la valorisation économique des réductions de consommation d’énergie ou d’intrant, ni sur la possible compensation des émissions incompressibles, ni, enfin, sur le montage de projets éligibles au titre du mécanisme de développement propre du protocole de Kyoto pour encadrer les efforts louables de restauration de la mangrove financé par le Fonds « Danone pour la nature », effort dont, au passage, on comprend mal comment ils entrent en cohérence avec le plan annoncé de réduire de 30 % les émissions de GES.
Si les intentions sont louables, force est de constater qu’il reste beaucoup à faire pour que Danone puisse affirmer une véritable innovation en terme de comptabilisation de l’impact carbone de ses activités. Les travaux ne manquent pas dans la sphère universitaire et auprès des acteurs techniques, par exemple pour inscrire, au bilan de l’entreprise, l’impact (positif ou négatif) de l’évolution des pratiques agricoles pour produire le lait qui deviendra yaourt ou fromage blanc. Surtout on aurait pu attendre d’un grand groupe comme Danone qu’il joue pleinement son rôle de leader sur le secteur et qu’il prenne le risque d’être effectivement en avance sur ces concurrents…
Pour honorer le discours de 1972 du père, le fils, Frank Riboud, peut mieux faire… !!
Bruno Rebelle |
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Directeur de Transitions, agence conseil en développement durable Ancien responsable de Greenpeace en France et à l'international |
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| Par Bruno Rebelle | Mardi 29 Mars 2011 à 10:12 | 0 commentaire