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"Face aux crises, une solution : la conversion écologique et sociale de notre société"

Revue de presse

| Par Bruno REBELLE | Mardi 8 Mars 2011 à 11:07 | 0 commentaire

ITV donnée à la lettre du cadre


Bruno Rebelle, ancien directeur de Greenpeace est aujourd'hui consultant en développement durable. Conseillant beaucoup de collectivités, il nous livre son regard sur la manière dont les collectivités prennent la mesure de l'enjeu environnemental.

Pour écouter l'intégralité de l'interview en podcast

« Les collectivités sont au coeur du développement durable »
Un « livre blanc » de l'action des régions de France en matière de développement durable a été réalisé en 2007. Où en est-on aujourd'hui ?

Au début du Grenelle de l'environnement, l'idée était de produire ce premier bilan pour le congrès des régions de France, fin 2007. On a pu voir que du fait même de leurs compétences, les régions sont naturellement impliquées sur les enjeux de développement durable, quand elles travaillent sur la formation permanente, la cohésion sociale, l'aménagement du territoire, la préservation des ressources naturelles, la valorisation du patrimoine naturel.

Nous avons aussi pu constater qu'il y avait des gestions des enjeux de développement durable différenciés d'une région à l'autre, des niveaux de compréhension différents, avec plus ou moins de prise en compte des trois dimensions du développement durable et une plus ou moins bonne articulation des enjeux de gouvernance. Les régions se sont beaucoup impliquées dans les logiques de négociations au niveau local, puisqu'un des bénéfices du Grenelle de l'environnement a été d'impulser des logiques de concertation, y compris au niveau régional. On fait aujourd'hui une nouvelle version du livre blanc de l'engagement régional pour pouvoir en mesurer l'évolution.

Les collectivités, ont-elles pris la mesure des enjeux et des choses à entreprendre ?


C'est évident. À la fois parce qu'elles font se croiser dans leur gestion des questions économiques, sociales et de préservation de l'environnement, et parce qu'elles sont en interaction permanente avec les acteurs, les citoyens et les autres niveaux d'autorité, nationales ou européennes, les collectivités sont au cœur des enjeux.
C'est au niveau des collectivités locales qu'on va pouvoir agir de la manière la plus significative sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La question n'est donc pas tant celle de leur volonté, que celle des outils mis à leur disposition pour vraiment à bras-le-corps les enjeux.
L'une des difficultés auxquelles elles sont confrontées est de rentrer dans une logique d'amélioration continue, qui est un des moteurs du développement durable. Pour cela, il faut pouvoir se donner des objectifs chiffrés, les mesurer, évaluer l'impact des politiques publiques... Mais ces logiques ne sont pas encore complètement intégrées par les collectivités. Travailler sur ces sujets permet, petit à petit, de faire progresser les ambitions du développement durable dans les collectivités.

Quelle est l'échelle territoriale pertinente pour les plans climat territoriaux et les politiques énergétiques décentralisées ?

Si l'on veut décliner sur les territoires les ambitions internationales, européennes et nationales en matière de réduction des émissions à effet de serre, c'est plutôt à l'échelle régionale et des agglomérations qu'on va pouvoir agir, au niveau d'un bassin d'activité ou d'un bassin de vie.
Rappelons qu'en France, nous avons l'objectif du facteur 4, c'est-à-dire de diviser par 4 nos émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050, ou la balise temporelle plus proche, en 2020, avec la déclinaison des objectifs européens du 3 fois 20, c'est-à-dire 20 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre, 20 % d'optimisation de l'étiquette énergétique, et une part de 20 % - et même de 23 % pour la France - d'énergies renouvelables dans le mix énergétique.
L'échelon régional me semble le bon territoire de coordination parce qu'on est sur un territoire suffisamment grand et qui correspond à un ensemble éco-systémique cohérent.

Ensuite, les plus gros leviers sont dans les grandes agglomérations, parce que les émissions d'un territoire sont en grande partie liées aux déplacements, urbains et périurbains, aux logiques d'habitat et de densité tertiaire et à la consommation de biens et de services des ménages. Ces trois secteurs représentent 75 % des émissions. 80 % de la population d'un pays comme la France est ou va être en zone urbaine : c'est sur ces espaces urbains qu'il faut travailler.

En dehors des grandes villes, l'échelle des intercommunalités, des pays est pertinente. Ça n'exonère pas de travailler avec l'échelon départemental, par exemple sur les articulations des objectifs de transport. La région gérant les transports ferroviaires, le département les transports routiers inter-urbains et les agglomérations les transports sur leur propre territoire. Si on n'articule pas clairement ces différents enjeux, on aura du mal à réduire la part du véhicule particulier dans les déplacements de personnes.

Quelle est aujourd'hui la demande la plus pressante des collectivités ?

Le premier c'est la formulation de règles de conditionnalité des aides qu'elles vont attribuer, de façon à s'assurer que les crédits qu'elles mettent à la disposition des acteurs servent le mieux possible leurs ambitions de développement durable. Le terme de conditionnalité des aides fait parfois peur. Il faut plutôt le prendre dans un sens positif, c'est-à-dire donner du sens, donner de la cohérence à la politique publique sur le territoire.

Deuxième sujet : le lien entre les politiques publiques et la prise en compte par les acteurs du territoire, citoyens et acteurs économiques, des options qui sont permises par ces politiques. Si une collectivité met en place un plan climat et propose des options qui permettront aux citoyens de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, encore faut-il que ces citoyens saisissent ces opportunités. Dans cette articulation entre « je vous donne la possibilité de faire ça » et « je vous encourage à le faire », il y a encore du travail à faire sur la mobilisation citoyenne. Ce sont des logiques d'implication, de mobilisation, de communication... qui permettent à une collectivité d'avoir l'ensemble de ses administrés avec elle.

Que pensez-vous de la candidature d'Annecy pour les JO ?

J'aime beaucoup ma ville natale. Les Jeux olympiques peuvent être un événement extrêmement enthousiasmant de rassemblement international. Mais, très sincèrement, je pense aussi qu'il faut aborder ces projets avec beaucoup de mesure et notamment rechercher les sites vraiment optimums, en particulier en valorisant les installations existantes et évitant de refaire des infrastructures qui mitent le paysage.

Et dans ces conditions-là, je ne suis pas certain que la candidature d'Annecy soit la meilleure option pour offrir des Jeux olympiques les moins impactants. Mais je dis bien qu'il faut reconnaître aussi la valeur de cet événement comme celui-là en termes de cohésion collective, d'enthousiasme, de partage d'un événement majeur... Ça n'est pas du tout une opposition fondamentale aux jeux olympiques, c'est bien un questionnement sur la pertinence de l'option Annecy par rapport à certaines contraintes.

Lalettreducadre.fr - 01/03/11

Bruno REBELLE

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Billets / Tribunes

| Par Bruno Rebelle | Mercredi 2 Mars 2011 à 08:27 | 0 commentaire
Reporting carbone, Danone peut mieux faire !
Le 15 février dernier, le Groupe Danone publiait ses résultats de l’année 2010. L’événement toujours très attendu par la communauté financière prenait cette année un relief nouveau : aux côtés des chiffres consolidés, devait être présenté un nouvel indicateur de l'empreinte carbone du groupe. J’ai eu l’honneur avec quelques bloggeurs de bénéficier, le 25 février, d’une présentation spéciale de ce qui nous était annoncé comme une innovation majeure, attestant de la « prise en compte des enjeux environnementaux au cœur de la stratégie du Groupe ». L’invitation précisait que cette annonce ne se positionnait pas comme la publication de quelques indicateurs supplémentaires, mais exprimait au contraire une « véritable conviction » que la valeur générée par l'entreprise ne peut plus être évaluée sur des paramètres uniquement économiques et financiers.

La « Directrice Générale Nature » du Groupe accompagnée de la « Directrice Financière Nature » nous a donc expliqué, avec force détails, la qualité et la profondeur de l’engagement de l’entreprise en matière de développement durable depuis le discours de d’Antoine Riboud annonçant en 1972 son « double projet » - réconcilier les hommes et la performance économique en respectant les limites de notre planète – jusqu’à l’adoption, en 2008, d’un plan d’action visant à réduire de 30% les émissions de GES.

La DG Nature était sur motivée. Elle pouvait afficher, avec une certaine fierté, des résultats très honorables : 22% de réduction sur la période 2008 – 2010. Plus impressionnant encore est la courbe de progrès qui atteste d’une mobilisation croissante : - 4 % en 2008, - 9 % en 2009, - 11 % en 2010. Cette progression laisse penser que la cible des 30% sera aisément atteinte fin 2011. Jusqu’ici tout va bien.

J’ai aussi été impressionné par la mobilisation d’envergure qui a permis au Groupe d’engager ces efforts. Chaque direction opérationnelle a maintenant son « Directeur nature ». Près de 1400 managers se sont vu assigner des objectifs concrets de réduction de CO2 et sont incités par un bonus indexé sur la réalisation de ces objectifs. On retrouve là le savoir faire Danone en matière de mobilisation des femmes et des hommes de l’entreprise. Ce premier volet du double projet d’Antoine Riboud semble bien avoir porté ses fruits.

J’ai également été intéressé par la rigueur de l’approche et le détail de l’analyse des chiffres présentés, appréciant en particulier la distinction des réductions découlant de changements du mix produit ou de variation des facteurs d’émission, de celles effectivement attribuables aux efforts spécifiques engagés par les « Danoners », comme ils s’appellent entre eux.

Mais… oui, je le regrette il y a un mais, j’avoue ne pas avoir été totalement séduit par l’approche générale proposée par le champion du yaourt et de l’eau en bouteille.

D’une part, il nous aura fallut attendre la fin de la présentation pour comprendre que l’engagement de réduction ne porte que sur le périmètre restreint de la responsabilité directe du Groupe, le fameux « scope 1 ». Reconnaissons pour autant que les responsables de ce reporting n’ont pas caché que ce périmètre ne représente que 45 % des émissions de l’ensemble. La réduction de 30% sur ce champ restreint ne signifie donc plus qu’un engagement global de 13,5 %... moins inspirant vous l’admettrez…

D’autre part, cet engagement reste exprimé en valeur relative. Le Groupe s’engage à réduire de 30% les émissions de GES sur son périmètre de responsabilité directe PAR UNITE de produit commercialisé. La directrice financière – fut elle directrice financière « Nature » - nous explique qu’il n’est pas possible de contraindre la croissance du Groupe, et donc pas possible de donner un objectif de valeur absolue. L’enthousiasme initial s’est éteint totalement… la croissance des volumes aura tôt fait d’effacer les réductions par unité.

Enfin et surtout, alors que je m’attendais à une véritable intégration de cette comptabilisation carbone dans le bilan financier de l’entreprise, nous n’avons eu droit qu’à une série d’explications, assez hasardeuses, sur la complexité des règles de comptage du carbone, sur l’absence de normes partagées entre les entreprises du secteur, sur la prétendue impossibilité d’une certification du bilan carbone et sur les risques d’une mise en équation économique du carbone. Dommage, vraiment dommage…

Dommage également de constater qu’aucune réflexion n’a été engagée, à ce jour, ni sur la valorisation économique des réductions de consommation d’énergie ou d’intrant, ni sur la possible compensation des émissions incompressibles, ni, enfin, sur le montage de projets éligibles au titre du mécanisme de développement propre du protocole de Kyoto pour encadrer les efforts louables de restauration de la mangrove financé par le Fonds « Danone pour la nature », effort dont, au passage, on comprend mal comment ils entrent en cohérence avec le plan annoncé de réduire de 30 % les émissions de GES.

Si les intentions sont louables, force est de constater qu’il reste beaucoup à faire pour que Danone puisse affirmer une véritable innovation en terme de comptabilisation de l’impact carbone de ses activités. Les travaux ne manquent pas dans la sphère universitaire et auprès des acteurs techniques, par exemple pour inscrire, au bilan de l’entreprise, l’impact (positif ou négatif) de l’évolution des pratiques agricoles pour produire le lait qui deviendra yaourt ou fromage blanc. Surtout on aurait pu attendre d’un grand groupe comme Danone qu’il joue pleinement son rôle de leader sur le secteur et qu’il prenne le risque d’être effectivement en avance sur ces concurrents…

Pour honorer le discours de 1972 du père, le fils, Frank Riboud, peut mieux faire… !!

Bruno Rebelle

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Billets / Tribunes

| Par Bruno REBELLE | Vendredi 11 Février 2011 à 09:43 | 0 commentaire
Ce soir débat de clôture de la Social Media Week : le web sauvera-t-il la planète ?
Espace des Blancs Manteaux à 20H
Plus d'info : http://socialmediaweek.org/paris/

Des green tech au coach carbone, la révolution numérique semble résonner avec la mutation écologique ; de la Tunisie à l'élection d'Obama, les médias sociaux ont investi avec force le champ politique ; la révolution des médias sociaux sauvera-t-elle la planète ?

- Cécile Ostria, directrice de la Fondation Nicolas Hulot

- Gilles Berhault, Président de ACIDD et du Comité 21

- Anne-Sophie Novel, Fondatrice Ecolo Info

- Bruno Rebelle, CEO Synergence, ex-dirigeant Greenpeace France

- Antonio Casilli, sociologue CNRS-EHESS, auteur des Liaisons numériques (Le Seuil)

- Christophe Ginisty, Président d'internet sans Frontières

- Benoît Thieulin, directeur de La Netscouade

Bruno REBELLE

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