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"Face aux crises, une solution : la conversion écologique et sociale de notre société"

Billets / Tribunes

| Par Bruno REBELLE | Mardi 24 Mai 2011 à 07:40 | 0 commentaire

Parce que la transformation écologique et sociale est notre avenir incontournable, il est essentiel de veiller à ce que les propositions de l'écologie politique concernent aussi directement les ménages modestes, les secteurs les plus démunis et les quartiers les plus difficiles. Je débattrais demain de cet enjeu essentiel pour l'avenir de l'écologie sociale.


 Ecologie ET Social - St Denis - 25 mai

Bruno REBELLE

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Billets / Tribunes

| Par Bruno REBELLE | Dimanche 8 Mai 2011 à 22:22 | 0 commentaire

Il suffit de prendre la route de Jéricho depuis Jérusalem et de marquer un temps d’arrêt à la sortie de la ville, pour comprendre l’impasse dans laquelle Israël s’enferme en poursuivant sa stratégie d’implantation de colonies de peuplement. Une stratégie politiquement, écologiquement et économiquement irresponsable.


Cisjordanie : Israël dans l’impasse
J’ai eu la chance de faire cette visite avec Dror Etkes, activiste israélien engagé dans la dénonciation de cette stratégie, qui en quelques observations du paysage alentour dresse une perspective plutôt inquiétante. Du Mont des Oliviers, en regardant vers l’est, on découvre les collines de Cis-Jordanie qui descendent vers la vallée du Jourdain et la Mer Morte. On imagine ce que pourrait être le futur état palestinien. Et puis très vite, trop vite, le regard bute sur la colonie de Maale Adumin, une ville nouvelle sortie de terre depuis les accords d’Oslo. Une vraie ville qui accueille déjà près de 35.000 habitants. Une ville moderne avec ses larges avenues à double sens, une ville dotée de tous les services qu’on peut espérer, une ville propre qui bien qu’abondamment fleurie reste sans vie, parce que trop propre, trop neuve, trop artificielle. Le contraste est choquant avec Adu Dis, banlieue palestinienne de Jérusalem où le chaos de l’enchevêtrement des rues rivalise avec l’irrationalité de l’urbanisation, comme si, à Abu Dis, on construisait partout où cela est possible pour tenter de résorber les besoins de logement. Contraste d’autant plus choquant que la ville palestinienne n’est séparée de la colonie de Maale Adumin que par la route flambant neuve qui descend vers Jéricho.

Maale Adumin est la première pièce d’un puzzle que les autorités israéliennes construisent avec détermination pour encercler par l’Est la ville de Jérusalem et conforter ainsi l’idée que cette ville deux fois millénaire est indivisible et « ne peut qu’être » la capitale de l’Etat Hébreux. Dror Etkes déploie une carte plus explicite encore que le paysage que je découvre. On y voit les « blocs » de colonisation qui constitueront un chapelet de villes posées là, en territoire palestinien, comme un nouveau rempart pour Jérusalem, actant de facto l’intégration de la ville est – palestinienne – dans le territoire israélien. On y voit aussi le réseau d’infrastructures construit et administré par Israël et qui double les routes préexistantes pour mieux quadriller la Cis-Jordanie et sécuriser pour les israéliens les liaisons entre les colonies.

Lorsqu’on prend l’ancienne route qui reliait Jéricho à Jérusalem, et qui est aujourd’hui la seule voie de passage pour les palestiniens pour rejoindre Abu Dis, on bute d’abord sur un des principaux check-point qui reste en activité en mai 2011, unique point de passage entre le nord et le sud de la Cisjordanie. Des véhicules de toutes sortes – camionnettes, taxi, voitures surchargées, attendent patiemment. Triste ironie de voir ces militaires bardés de leur fusil d’assaut, octroyer aux palestiniens le droit de traverser leur propre territoire… En maintenant ce poste, l’armée israélienne peut comme elle l’entend, couper toute liaison entre ces deux parties du territoire palestinien. Une décision et les échanges économiques sont paralysés, les relations entre voisins, entre familles deviennent impossibles, la vie devient un cauchemar… à moins qu’elle ne le soit déjà dans cette région du monde.

En regardant de plus près on constate que les plaques d’immatriculation de tous ces véhicules ont un point en commun. Elles sont blanches, marque de distinction des véhicules palestiniens auxquels toute incursion en territoire israélien est strictement interdite. Ainsi pour aller de Ramalha, au nord de Jérusalem, à Hébron au sud, il faut, avec une plaque blanche, faire un détour de plus de 40 km quand une « plaque jaune » peut traverser Jérusalem et gagner plus d’une heure de trajet.

Cisjordanie : Israël dans l’impasse
Enfin, en poursuivant sur la route d’Abu Dis on bute - littéralement – sur la violence de la politique de partition israélienne. L’avenue centrale d’Abu Dis s’arrête coupée par le mur qui ceinture la partie Est de Jérusalem pour marquer la limite avec le territoire palestinien. La ville est ainsi coupée en deux, et les anciens voisins doivent aujourd’hui faire plusieurs dizaines de kilomètres pour se rencontrer. Ce mur qui s’étire sur plusieurs dizaines de kilomètre est une monstruosité, une violence à côté de laquelle le mur de Berlin, s’il était encore debout, n’aurait été qu’une anecdote. Ce mur est d’autant plus inacceptable qu’il impose une frontière allant bien au delà de la limite historique acceptée au lendemain de la guerre des six jours en 1967.
Revenant sur nos pas pour rejoindre Jérusalem, en refaisant le détour que sont contraints de faire chaque jour les palestiniens qui vivent ici, je découvre avec mon guide une autre particularité de la géopolitique locale. La décharge d’Abu Dis reçoit tous les déchets de la ville de Jérusalem : la colonisation va jusqu’à utiliser le territoire palestinien comme le dépôt d’ordure des ménages israéliens. Qui plus est, nous en sommes encore ici au « tas d’ordure » à peine recouvert de quelques gravas… Une autre monstruosité dans le paysage de ce que certain veulent encore appeler la « Terre promise ». L’irresponsabilité écologique vient aggraver la violence politique.

On retrouve cette irresponsabilité écologique en observant avec attention les autres colonies israéliennes du voisinage. Ces colonies installées sur le sommet des collines « préservent » - en quelque sorte - les cuvettes où l’on trouve les terres les plus fertiles cultivées par les bédouins palestiniens… ou plutôt, devraient-on, dire « anciennement » cultivées. En effet, bien qu’étant en dehors du périmètre des colonies, ces terres restent inaccessibles aux bédouins car elles sont « trop proches » des colonies et que les activités agricoles constitueraient un risque pour la sécurité de ces colonies. J’ai du mal à comprendre en quoi les bédouins, installés dans des campements de fortune sans eau et sans électricité, et qui survivaient jusqu’alors d’un peu d’agriculture et d’élevage, constituent un risque pour la sécurité, mais le fait est que ce sont ainsi des milliers d’hectares de terres fertiles qui sont soustraits à la production agricole, limitant un peu plus encore la sécurité alimentaire des palestiniens.

Faut-il le rappeler ici, 18% du territoire de la Cisjordanie a été déclaré terrain d’entrainement militaire et se trouve donc interdit d’accès aux palestiniens. Une autre portion, qui représente 20% de la Cisjordanie, est dénommée « State land ». Ces terres d’état – de l’Etat israélien évidemment- sont réservées à l’implantation des colonies de peuplement et leurs zones tampon de sécurité. Le doublement des infrastructures routières occupe quelques pourcents supplémentaires. Enfin, le « grignotage » de Jérusalem Est et de sa banlieue prive les palestiniens de la maîtrise d’une autre part qui approche 10% du territoire de Cisjordanie. De facto, si demain les accords de paix débouchaient – enfin- sur la proclamation d’un état palestinien celui ci devrait s’organiser sur un espace amputé de près de 50% et surtout fractionné en micro territoires disjoints les uns des autres. Une telle cartographie rend juste impossible l’idée même de territoire. On ne peut administrer un puzzle dont les pièces restent structurellement disjointes !

L’impasse est bien là. L’idée, politiquement correcte, d’un territoire palestinien n’est plus, aujourd’hui, opérationnellement possible. Reste alors l’option d’un état binational proposant la cohabitation entre juifs et arabes… une cohabitation qui devrait alors sortir de la situation d’apartheid suivant laquelle est organisée aujourd’hui la société israélo palestinienne. En observant les collines à l’Est de Jérusalem on remarque un signe évident de cet apartheid : les maisons palestiniennes sont toutes équipées de réservoirs d’eau sur leur toit, pour la bonne et simple raison que les palestiniens n’ont pas accès au réseau d’adduction d’eau contrôlé par Israël. L’approvisionnement se fait donc par connexion au voisin lui même connecté au voisin… et comme ce système est par nature précaire, il faut faire des réserves puisqu’à tout moment l’autorité d’occupation peut littéralement fermer le robinet…
L’impasse c’est aussi la réalité démographique : Sur l’ensemble territorial que constituent Israël, Gaza et la Cisjordanie on comptera bientôt autant d’arabes que de juifs. L’inégalité flagrante de traitement, l’apartheid, la privation de liberté et d’accès imposée à la moitié de la population de ce territoire ne pourra perdurer longtemps.

Sortir de l’impasse est toujours possible. Ici, ce sera difficile, très difficile. Il faudra, sur bien des sujets, revenir en arrière, desserrer l’étau pour donner une chance à l’état palestinien, s’il voyait le jour, de survivre avant de pouvoir vivre tout simplement. Il faudra compter sur l’enthousiasme et la rigueur des citoyens israéliens engagés pour la paix, à l’image de Dror, ou de Sarah du kibboutz Ramot Menashe, pilier de la Fondation Van Leer qui soutient toutes les initiatives de dialogue entre israéliens et palestiniens. Il faudra surtout compter sur la capacité de ces promoteurs de paix à mobiliser dans les deux camps, tous ceux qui, fatigués de tant de violence, pourraient bien un jour avoir raison de l’entêtement des tenants de la confrontation.

Bruno REBELLE

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Billets / Tribunes

| Par Bruno REBELLE | Jeudi 21 Avril 2011 à 09:14 | 0 commentaire

Les manifestations des antinucléaires indiens, opposés à la construction d’une méga centrale à proximité de Jaïtapur, ont été confrontées ce lundi 18 avril à une répression violente. Une nouvelle fois, la répression du mouvement antinucléaire a tué un citoyen dont la seule faute aura été d’exprimé son opposition à cette industrie mortifère. Ce fait dramatique démontre une nouvelle fois que le nucléaire n’est pas compatible avec le débat démocratique. Il démontre aussi que le nucléaire tue avant même que ses installations entrent en service.


En Inde, le nucléaire tue avant même l'accident
Le nucléaire tue. On le savait du nucléaire militaire depuis Nagasaki et Hiroshima. On le sait du nucléaire civil depuis Tchernobyl. Certains peinent à l’admettre, mais le nucléaire tue aussi, à petit feu, dans notre pays, prétendument référence mondiale de la sécurité industrielle dans ce secteur. De nombreux observateurs ont dénoncé la gestion désastreuse des travailleurs intérimaires considérés comme « chair à rayons » par analogie avec la chair à canon de la grande guerre.

D’autres ont un peu vite oublié, qu’avant même les incidents et accidents dans différentes centrales, le nucléaire avait déjà tué, en France, un citoyen dont le seul défaut était aussi d’exprimer son opposition à la construction du surgénérateur de Creys Malville à quelques kilomètres de Lyon. J’étais ce 31 juillet 1997 au milieu des dizaines de milliers de militants antinucléaires rassemblés autour du site. Je me rappelle les hélicoptères larguant les bombes lacrymogènes sur le rassemblement pacifique, les charges de CRS bottés et casqués arrivant de toute part. Les hurlements de sirène et l’évacuation de Vital Michalon foudroyé par une grenade anti émeute tirée à tir tendu. L’état était passé en force. Superphénix n’aura produit de l’électricité que pendant 11 mois pendant les 11 années de sa vie industrielle. En 1997, l’entrée des écologistes au gouvernement de Lionel Jospin a marqué l’arrêt de l’exploitation de cette centrale qui devait révolutionner l’industrie nucléaire. En 2011, le démantèlement des installations avance pas à pas.


Un mort pour rien, probablement pas. Car la manifestation de Creys Malville aura galvanisé le mouvement antinucléaire européen. Un mouvement qui depuis le début des années 80 ne fait que répéter certaines évidences qui deviennent progressivement réalité par la brutalité des faits. Petit à petit le public et les décideurs admettent que le nucléaire n’est pas cette solution miracle qu’on a cherché à nous vendre. Nous ne sommes pas plus indépendants énergétiquement qu’avant le lancement du programme nucléaire. Le prix de notre électricité augmente et rattrapera bientôt celle de nos voisins européens. Les déchets s’accumulent, ils restent dangereux pendant des dizaines de milliers d’année et personne n’a de solution sérieuse pour résoudre cette équation.

Remarquez par exemple, que plus d’un mois après le terrible tsunami du 11 mars 2011, les observateurs internationaux, les spécialistes des politiques énergétiques et les medias – français notamment – admettent, enfin, qu’il faudra des mois pour « reprendre le contrôle » de la centrale de Fukushima, que le territoire autour de l’installation est condamné au désert humain pendant des décennies et que les environnements terrestre et marin seront pollués pour des milliers d’années.
Comment dans ce contexte, peut on accepter la répression qui tue les opposants à la centrale de Jaitapur en Inde. Pour ma part je ne l’accepte pas. J’accepte encore moins que l’industriel promoteur de cette installation soit – surprise, surprise ! – notre champion national AREVA et qu’il soit appuyé sans concession par l’Etat français.

La patrie des droits de l’Homme ne peut continuer à être le pays du nucléaire.

Bruno REBELLE

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