Après l’explosion, le 12 septembre, d’un four de traitement de déchets nucléaires, et au delà de la négation récurrente de toute forme de danger généré par cet accident, la propagande reprend le dessus pour nous faire croire, qu’ici comme ailleurs, on recyclerait les déchets nucléaires.
Je ne reviens pas ici sur « l’information » toujours bien lissée et totalement rassurante : pas de fuite, pas de risque, pas de confinement… un mort tout de même, mais bien sur cela n’a rien à voir avec la nature nucléaire de l’activité… Nous sommes habitués (malheureusement !).
J’ai surtout été frappé par les annonces quasi unanimes des journalistes sur le fait que cet accident intervenait dans une usine de « recyclage » de déchets nucléaires. De l’ineffable David Pujadas en ouverture du 20h00 le 12 septembre, au rappel des titres de France Info le 13 au matin, aucune dissonance : « Centraco, filiale d’EDF, spécialisée dans le recyclage des déchets nucléaires… » Les médias sont certainement bien briefés par les politiques et le service de presse hyper performant du système industriel nucléaire… mais tout de même.
J’ai surtout été frappé par les annonces quasi unanimes des journalistes sur le fait que cet accident intervenait dans une usine de « recyclage » de déchets nucléaires. De l’ineffable David Pujadas en ouverture du 20h00 le 12 septembre, au rappel des titres de France Info le 13 au matin, aucune dissonance : « Centraco, filiale d’EDF, spécialisée dans le recyclage des déchets nucléaires… » Les médias sont certainement bien briefés par les politiques et le service de presse hyper performant du système industriel nucléaire… mais tout de même.
Le recyclage est un procédé de traitement des déchets (industriels ou ménagers) qui permet de réintroduire, dans le cycle de production, des matériaux qui composaient un produit similaire arrivé en fin de vie, ou des résidus de fabrication. L’un des exemples qui illustre ce procédé est celui de la fabrication de bouteilles avec le verre des bouteilles usagées ou de vêtements en « laine polaire » à partir des emballages et bouteilles en PET. Monsieur Proglio, PDG d'EDF, donc "patron" de Centraco sa filiale, venant tout droit d'un des grands spécialistes français de la gestion des déchets devrait avoir en tête la définition précise de ce qu'est le "recyclage".
Une vérification toute simple des volumes de déchets traités par l’usine Centraco, démontre sans aucune hésitation possible que nous ne sommes pas du tout, mais alors pas du tout, dans une activité de recyclage. Si l’usine traite environ 6200 tonnes de déchets par an depuis 10 ans elle n’a jusqu’à fin 2009 rien recyclé du tout, pas un kilo, par un gramme, pas un copeau de déchet métallique ! Pas de polémique possible puisque les chiffres sont ceux de l’entreprise elle même (http://www.socodei.fr/societe/chiffres-cles/)…
Progrès notable en 2010, le même site annonce 100 tonnes de déchets métalliques valorisés. 100 tonnes en 10 ans d’activité c’est tout de même un taux de recyclage de 0,16%... Peut mieux faire ? Et bien non justement car la caractéristique majeure des déchets nucléaires est justement qu’ils sont radioactifs et que la radioactivité ne s’élimine pas comme ça… Il est donc quasiment impossible d'isoler d'un mélange de déchets radioactif des matières qui ne le seraient pas et qui pourraient donc être réutilisées... Ce sont les lois de la physique nucléaire qui imposent cette réalité...
Progrès notable en 2010, le même site annonce 100 tonnes de déchets métalliques valorisés. 100 tonnes en 10 ans d’activité c’est tout de même un taux de recyclage de 0,16%... Peut mieux faire ? Et bien non justement car la caractéristique majeure des déchets nucléaires est justement qu’ils sont radioactifs et que la radioactivité ne s’élimine pas comme ça… Il est donc quasiment impossible d'isoler d'un mélange de déchets radioactif des matières qui ne le seraient pas et qui pourraient donc être réutilisées... Ce sont les lois de la physique nucléaire qui imposent cette réalité...
Qu’on se le dise donc une bonne fois pour toute : à l’exception d’une toute petite proportion de plutonium, matière hautement radioactive, extraite des combustibles usés qui est effectivement réintroduite dans la fabrication de combustible MOX (pour « mélange d’oxydes ») à Marcoule justement, 99,5 % des déchets nucléaires finissent dans un trou, plus ou moins profond… Et cela n’a rien à voir avec du recyclage !
Nicolas Hulot est pour moi, non pas l’homme providentiel, mais le meilleur candidat.
Je fais parti de ceux qui considèrent qu’il eut été préférable pour Europe Ecologie les Verts de ne présenter aucun candidat à l’élection présidentielle. Il me semblait préférable de négocier avec le PS, sur la base des scores remarquables réalisés aux scrutins précédents, un bon accord programmatique et un groupe parlementaire suffisamment fourni pour peser efficacement sur la prochaine mandature. Le parti en a décidément autrement, dont acte. En militant loyal, j’ai pris part à la primaire. J’ai voté Hulot et j’avoue avoir été très surpris du résultat de ce premier tour.
Je pensais que les militants et les sympathisants reconnaîtraient naturellement ses qualités : celle d’un écologiste engagé doublé d’un acteur médiatique fort d’une notoriété certaine. Je pensais naïvement que les électeurs reconnaîtraient, avec honnêteté, que Nicolas Hulot a fait beaucoup ces dernières années pour faire progresser la cause écologiste dans notre société. Et si j’ai critiqué certaines de ces positions insuffisamment claires en 2007, ou si j’ai regretté que le processus du pacte écologique ne le conduise pas à « prendre parti », je reste persuadé que son action a été déterminante pour que les préoccupations écologistes deviennent effectivement un sujet central du débat politique. Ce seul historique aurait du suffire à faire de Nicolas Hulot un candidat naturel d’Europe Ecologie Les Verts.
Je pensais que les militants et les sympathisants reconnaîtraient naturellement ses qualités : celle d’un écologiste engagé doublé d’un acteur médiatique fort d’une notoriété certaine. Je pensais naïvement que les électeurs reconnaîtraient, avec honnêteté, que Nicolas Hulot a fait beaucoup ces dernières années pour faire progresser la cause écologiste dans notre société. Et si j’ai critiqué certaines de ces positions insuffisamment claires en 2007, ou si j’ai regretté que le processus du pacte écologique ne le conduise pas à « prendre parti », je reste persuadé que son action a été déterminante pour que les préoccupations écologistes deviennent effectivement un sujet central du débat politique. Ce seul historique aurait du suffire à faire de Nicolas Hulot un candidat naturel d’Europe Ecologie Les Verts.
Il est vraiment regrettable de ne pas tenter de faire le meilleur score en choisissant un candidat déjà reconnu par le public pour son engagement écologiste. Certains reprochent à Nicolas Hulot d’opter pour une approche moins radicale que celle prônée par les militants qui s’auto-labellisent, écologistes « authentiques ».
J’ai, pendant près de 10 ans, piloté les activités de Greenpeace – comme directeur du bureau français puis comme directeur international des programmes. Ainsi, je crois pouvoir dire que le radicalisme de l’action est quelque chose que je connais. Et si je pense qu’il sera toujours nécessaire d’avoir un Greenpeace dans le paysage, je pense aussi qu’il faut des médiateurs, des passeurs, des négociateurs pour faire bouger les acteurs - entreprises ou gouvernements – en utilisant des méthodes différentes, naturellement complémentaires de l’interpellation radicale. J’ai très concrètement pratiqué cette complémentarité avec Nicolas Hulot quand j’étais aux commandes de Greenpeace France et qu’il avait l’oreille du Président Chirac. Ensemble nous avons obtenu des avancées que notre organisation seule, n’aurait pu gagner.
La fonction présidentielle et plus généralement l’action des responsables politiques impose de sortir du radicalisme basiste et de savoir trouver – avec la fermeté nécessaire – les processus pour négocier, pour convaincre et pour faire avancer la cause qui est la nôtre. Nicolas Hulot a cette capacité j’en suis convaincu.
J’ai, pendant près de 10 ans, piloté les activités de Greenpeace – comme directeur du bureau français puis comme directeur international des programmes. Ainsi, je crois pouvoir dire que le radicalisme de l’action est quelque chose que je connais. Et si je pense qu’il sera toujours nécessaire d’avoir un Greenpeace dans le paysage, je pense aussi qu’il faut des médiateurs, des passeurs, des négociateurs pour faire bouger les acteurs - entreprises ou gouvernements – en utilisant des méthodes différentes, naturellement complémentaires de l’interpellation radicale. J’ai très concrètement pratiqué cette complémentarité avec Nicolas Hulot quand j’étais aux commandes de Greenpeace France et qu’il avait l’oreille du Président Chirac. Ensemble nous avons obtenu des avancées que notre organisation seule, n’aurait pu gagner.
La fonction présidentielle et plus généralement l’action des responsables politiques impose de sortir du radicalisme basiste et de savoir trouver – avec la fermeté nécessaire – les processus pour négocier, pour convaincre et pour faire avancer la cause qui est la nôtre. Nicolas Hulot a cette capacité j’en suis convaincu.
L’élection présidentielle est quelque chose de vraiment particulier. Je peux me permettre d’en parler à partir de l’expérience acquise en 2007 au côté de la candidate socialiste. Expérience frustrante certes, mais oh combien formatrice. Pour une telle campagne, il ne suffit pas d’être bon sur le fond, il faut donner envie, il faut rassembler, il faut faire venir à soi, à ses thèmes et à sa cause le public le plus large. Je pense sincèrement que Nicolas Hulot a cette capacité à drainer des soutiens de divers bords et que ses positions largement exprimées sont suffisamment claires et suffisamment fermes pour que l’on cesse de craindre qu’il en changerait au contact de tel ou tel autre.
Au delà, du soutien que je veux apporter à Nicolas Hulot, je voudrais souligner mon inquiétude de voir le parti écologiste préférer le « recentrage sur ces bases » – qui sent étrangement le repli – plutôt que de risquer l’ouverture – à des nouvelles idées, à des nouvelles approches, à des nouvelles personnalités – ouverture qui seule permettra de faire progresser l’écologie politique dans notre société. Les déclarations de certains Verts historiques soulignant que « le résultat du premier tour démontre le fait que ce sont bien les militants qui choisissent » fait craindre que ce choix s’opérerait, une fois de plus, sans prendre en compte les messages du monde extérieur – extérieur au Verts évidemment. C’est pourtant ce monde qu’il faut comprendre et écouter si l’on veut commencer à le changer !
Au moment où on observe que les émissions globales ont en 2010, battu un record historique, on remarque aussi une mobilisation croissante des territoires – régions et grandes agglomérations – qui entendent bien faire la démonstration que si la négociation internationale implique les états, la réduction des émissions dépend avant tout des actions concrètes qui sont mises en œuvre localement.
Le rapport de l’Agence internationale de l’énergie, publié fin mai a eu l’effet d’une bonne douche froide : l’année 2010 aura été marquée par des émissions de gaz à effet de serre en hausse de 5% par rapport à leur niveau de 2008. Le tassement observé en 2009, -2% attribuable à la crise économique, est donc largement effacé. Voilà les émissions mondiales reparties à la hausse, à l’inverse des ambitions affichées par la communauté internationale. Il sera dans ces conditions particulièrement difficile de tenir les objectifs rappelés à Cancun en décembre 2010, de limiter le réchauffement global à 2°C avant la fin du siècle, signifiant la division par 2 des émissions globales d’ici 2050.
Une observation rapide de ce dérapage des émissions en 2010, souligne deux évolutions majeures : les émissions progressent surtout dans les pays émergents et ces progressions sont essentiellement le résultat d’un recours croissant aux combustibles fossiles pour la couverture des besoins énergétiques.
Le rapport de l’AIE souligne en effet que la part des BRIC (Brésil, République d’Afrique du Sud, Inde et Chine) est en effet passé entre 1990 et 2010 de 35% à 44% des émissions mondiales. On serait donc tenté de fustiger ces pays émergents qui ne contrôleraient pas leur croissance. Mais une observation plus fine souligne l’énorme inégalité qui persiste entre pays industrialisés et pays émergeants. Il suffit pour mettre en lumière ces disparités de comparer les émissions par habitants et de s’écarter de l’image trompeuse que donnent les émissions par pays. On constate alors que l’OCDE est encore loin devant avec une moyenne de 10 tonnes d’équivalent CO2 par habitant et par an, la Chine pointe à 5,8 tonnes et l’Inde à 1,5. La lutte contre le changement climatique constitue donc un double défi. Défi écologique pour contenir les émissions dans les limites qu’autorisent les conditions géophysiques de notre biosphère. Défi démocratique également, pour conduire les arbitrages collectifs permettant d’organiser un partage équitable des efforts à engager pour réduire ces émissions. En d’autres termes, la seule règle d’équité qui serait universellement acceptable consisterait à allouer à chaque habitant de la planète, quelque soit son pays de résidence, un quota standard d’émissions correspondant à une répartition équitable de ce que la population mondiale ne doit pas dépasser.
Cette recherche d’équité est un défi d’autant plus colossal que si la croissance démographique chinoise marque le pas, la population indienne vient de passer 1,2 milliard et devrait encore augmenter de 500 millions dans les 40 prochaines années.
Cette recherche d’équité est un défi d’autant plus colossal que si la croissance démographique chinoise marque le pas, la population indienne vient de passer 1,2 milliard et devrait encore augmenter de 500 millions dans les 40 prochaines années.
Le deuxième enseignement du rapport de l'AIE, est que l’essentiel des augmentations d’émissions est directement corrélé à l’augmentation de la consommation énergétique. Cette augmentation est même indexée sur la croissance économique. On apprend par l’OCDE que la croissance économique mondiale s’établie à 4,6 % pour la période 2008 – 2010. Avec des émissions en augmentation de 5%, démonstration est faite que le découplage n’est pas acquis, loin s’en faut. Plus préoccupant, on constate une fois encore la prépondérance du charbon dans ces augmentations d’émission. La révolution énergétique n’est pas acquise non plus.
On pourrait, à l’analyse rapide de ce rapport, sombrer dans le pessimisme au moment où les négociations climatiques reprennent à Bonn pour préparer l’échéance de Durban. Pour ma part, si je ne peux gommer des inquiétudes bien légitimes, je garde un fond d’optimisme en constatant la mobilisation croissante, d’une part des territoires, d’autre part des entreprises, pour mettre en œuvre des mesures concrètes de réduction de leurs émissions. Les territoires, notamment les régions et les grandes agglomérations, engagent des stratégies d’aménagement visant à densifier les zones urbaines, à relocaliser l’économie et à réduire les besoins de mobilité tant pour les personnes que pour les marchandises. Ces collectivités territoriales développent aussi des initiatives pour offrir des transports alternatifs moins émetteurs en même temps qu’elles soutiennent les innovations industrielles qui permettront demain de proposer des solutions durables de mobilité non carbonée. Ces territoires devront aussi mettre en œuvre des mesures innovantes pour mobiliser les ressources colossales qui seront nécessaires pour financer la rénovation énergétique du bâti existant, secteur qui constitue le principal gisement d’économie d’énergie et donc de réduction des émissions.
Mais pour renforcer encore leur action ces territoires devraient pouvoir compter sur des cadres réglementaires plus favorables. Ainsi, on peut regretter que l’Union Européenne peine à imposer des objectifs contraignants en matière d’efficacité énergétique. La stratégie européenne sur ce sujet, publiée au mois de mars, est dramatiquement silencieuse sur cette nécessaire contrainte. Elle renvoie à 2013 une obligation qui aurait du être concrétisée il y a déjà plusieurs mois.
Pour optimiser leur engagement, les territoires devraient surtout pouvoir bénéficier d’une certaine autorité pour définir à leur échelle des politiques énergétiques qui leur permettraient de concrétiser des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Comment, par exemple, poursuivre de tels objectifs quand, en France, le gouvernement continue à promouvoir, fusse à demi-mot, l’exploitation des gaz de schistes ouvrant la voie à plus de combustibles fossiles et compliquant de facto les efforts des promoteurs des énergies renouvelables.
Pour optimiser leur engagement, les territoires devraient surtout pouvoir bénéficier d’une certaine autorité pour définir à leur échelle des politiques énergétiques qui leur permettraient de concrétiser des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Comment, par exemple, poursuivre de tels objectifs quand, en France, le gouvernement continue à promouvoir, fusse à demi-mot, l’exploitation des gaz de schistes ouvrant la voie à plus de combustibles fossiles et compliquant de facto les efforts des promoteurs des énergies renouvelables.
Gageons que la mobilisation des gouvernements locaux pèsera de plus en plus, à la fois sur la négociation internationale mais aussi et surtout sur le cadre réglementaire national et européens pour plus de cohérence dans les politiques mises en œuvre aux différentes échelles territoriales. La concrétisation des objectifs de réduction pour limiter le réchauffement global à 2°C ne pourra faire l’économie de cette cohérence optimisée.
Bruno Rebelle |
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Directeur de Transitions, agence conseil en développement durable Ancien responsable de Greenpeace en France et à l'international |
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| Par Bruno REBELLE | Mardi 13 Septembre 2011 à 09:28 | 0 commentaire